Etape 17: Ubaye

(Etape d’un voyage de Langres à Nice en mai et juin 2011)

Mardi 7 juin

75 km

Dénivelé 1453 m

Crachin orageux dans les vallées, pluie fine en montagne jusqu’à 14 h

Guillestre – Col de Vars – Pont du Châtelet – Saint Pons – Méolans

Ubaye, départements 05 et 04

L’étape n’était pas extrêmement longue en kilomètres, mais le dénivelé était considérable et il fallait donc être prudent. Il y a une alternative avec moins de dénivelé mais la distance est la même. Je l’aurais prise si je m’étais senti vraiment fatigué mais elle ne me tentait pas car j’avais pris en partie la même route en 2003 et j’en avais gardé le souvenir d’une section franchement raide et assez pénible.

Le temps était très couvert le matin au départ et le monsieur m’a prévenu que le vent du sud n’était pas bon signe dans la région, mais je sais que je n’ai jamais froid en pédalant à moins qu’il se mette vraiment à neiger. Je me suis donc dit qu’il serait presque préférable de monter un col, même haut et dur, que de lutter dans la vallée contre la pluie vent debout. Je ne me doutais pas que le col était ambitieux à tel point… mais je ne regrette pas d’avoir découvert une vallée que je n’aurais jamais eu l’idée d’aller voir sinon.

J’ai découvert en partant de l’auberge que l’on refaisait la route le long du torrent et que je ne pouvais pas la prendre comme prévu sur quelques centaines de mètres jusqu’au bourg – j’ai été obligé de redescendre toute la route jusqu’au supermarché.

Une fois que j’étais là, j’ai remarqué un magasin de sport où j’ai acheté un pneu de rechange, ayant l’impression que mon pneu arrière commençait à être assez usé. Finalement, je l’ai changé deux jours après parce qu’il s’est effectivement usé vite avec de grandes descentes sur route mouillée. Nous avons commencé par un malentendu avec le vendeur, mais il a fini par accepter de regarder mon vélo dehors et a tout de suite vu pourquoi je ne voulais pas un boyau pour vélo de course.

Cette course faite, j’ai essayé d’acheter une viennoiserie au supermarché, mais il n’y a pas de rayon boulangerie, uniquement des produits préemballés. Je suis monté alors au bourg par la même route que la veille et j’y ai trouvé ce dont j’avais besoin.

Place centrale de Guillestre

La route traverse le bourg en continuant à monter jusque derrière l’église et j’ai aussi profité de l’occasion pour faire deux photos que je n’avais pas prises la veille au crépuscule, en particulier celle de l’ancienne mairie qui est un bâtiment très curieux faisant plus penser à une grange de ferme sur-dimensionnée. On voit très bien sur la photo l’escalier extérieur avec des poutres d’une hauteur assez stupéfiante.

Ancien hôtel de ville de Guillestre

Après cette troisième visite de Guillestre, je me suis lancé sur la route du col de Vars, dont je savais par Internet qu’elle monte en deux sections assez raides avec une pause au milieu. C’est maintenant l’accès d’une importante station de ski (Vars) et la route a été beaucoup redressée, ce qui fait que les sections en montée sont presque toutes à 9%, la pente standard pour une route moderne.

J’ai profité de mon passage dans la région pour envoyer à mon père un message sur son portable lui disant que je passais près de Risoul où nous avions passé des vacances de neige dans ma jeunesse. Il m’a répondu que cela faisait pas mal d’années…

La route quitte Guillestre par un petit virage dans les sapins puis commence immédiatement une rampe longue de 6 km à 9%. Heureusement, ce n’est pas le genre « grande ligne droite dans les sapins ». La route monte en épingles à cheveux serrées au flanc d’une colline tantôt trop raide pour la végétation, tantôt couverte de prairies. Je sais que cette montée ne plaît pas à beaucoup de cyclistes mais j’aime bien ce genre de paysage où l’on voit à chaque virage tout ce que l’on a déjà monté.

Montdauphin et la vallée de la Durance depuis Peyre Haute

A peu près aux deux tiers de cette section, on atteint un point de vue d’où l’on a une vue très étendue sur le bassin de Guillestre avec la forteresse de Montdauphin construite au milieu. Détails amusants sur la forteresse: elle fut construite pour défendre l’accès du Dauphiné après une expédition victorieuse du duc de Savoie en 1692 mais ne servit jamais. Elle est construite en marbre rose (excusez du peu), disponible sur place, et était l’une des garnisons les plus détestées des soldats qui désertaient en masse à cause du climat froid et venté.

Le bassin de Guillestre débouche sur la vallée de la Durance mais l’alignement fait que l’on voit depuis cet endroit plutôt la vallée de Vallouise et donc directement vers le massif des Ecrins. J’ai donc pas mal regretté le temps couvert et les nuages bas car ceci doit être une vue extraordinaire – même si elle est moins réputée que d’autres panoramas comme ceux du Galibier et des Aravis.

Entrée de la vallée de Vars

Cette section est franchement raide et longue mais ne m’a pas paru excessivement difficile parce que j’étais encore en bonne forme le matin et parce que le temps frais avec un léger crachin était idéal du strict point de vue du risque de transpiration. Je suis monté avec un t-shirt et un k-way comme au Lautaret. La section raide s’adoucit légèrement pour le dernier kilomètre où l’on se dirige plus franchement vers la vallée de Vars avec une vue superbe sur la gorge d’accès.

Vallée de Vars

C’est une gorge alpine typique, on monte avant puis on longe la section de falaises en corniche – mais l’ordre de grandeur est beaucoup plus imposant qu’ailleurs avec 500 m de dénivelé au départ de la gorge. On ne voit pas le fond qui reste caché dans les sapins. Ma photo donne une bonne idée de l’ampleur du paysage mais le tout est dans un flou artistique dû à la pluie. En effet, plus je me suis approché de la vallée « intérieure » (au-dessus des gorges), plus la pluie est devenue sensible.

Compte tenu de l’effort considérable que j’avais fourni (plus d’une heure et demie de montée), j’avais besoin de m’arrêter et de reprendre des forces. Je me suis donc arrêté dans le premier village de la vallée, Saint Marcel. J’ai d’abord raté le village parce que la route descendait justement pendant un moment et que l’église que je cherchais (car marquée sur la carte comme intéressante) est au-dessus de la route. Je suis donc revenu un peu en arrière quand je me suis aperçu de l’erreur, puis j’ai essayé de trouver un endroit pas trop exposé à la pluie qui commencait à tomber un peu plus fortement.

Eglise de Vars Saint Marcel

J’ai essayé un banc de pierre installé sous un arbre dans l’enclos de l’église qui n’est visiblement pas entretenu très souvent. Mais l’arbre ne protégeait de rien et j’ai fini la part de pizza assis sur les marches d’accès à l’enclos. L’église ne semble plus servir et était évidemment fermée, mais c’était une bonne occasion de s’arrêter car elle est du style régional typique.

L’auvent reposant sur de fines colonnes a disparu sauf quelques traces sur le portail, mais le portail à arcs en plein cintre et petites têtes sculptées est au rendez-vous de même que la porte en bois superbement décorée et les lions. Ce sont les plus beaux lions du voyage même si on ne les reconnaît pas très facilement.

Il a commencé à pleuvoir assez fortement un peu après mon départ de Saint Marcel et il a continué à pleuvoir presque jusqu’au sommet du col, mais de façon irrégulière et allant en diminuant. La route redescend un peu de Saint Marcel jusqu’à Vars au centre de la vallée et la vallée surprend un peu comparée à d’autres dans les Alpes car elle est finalement très courte.

Après Vars, on monte à nouveau franchement raide (autour de 9%) jusqu’à la sation de ski qui fait un effet assez particulier. Elle s’étage en pente de 1700 à 1900 m avec de nombreux grands immeubles dont une bonne partie sont assez habilement cachés parmi les sapins. Il n’y a que les environs immédiats du télésiège central qui sont vraiment artificiels et bétonnés.

La route est extrêmement large comme dans toutes les stations de ski afin de permettre le parking et ceci donne le choix entre monter la voie normale de circulation ou slalomer en utilisant les parkings quand c’est possible et quand il n’y a pas trop de circulation. La première méthode est très dure, avec une route montant à 11% sur une section assez longue; la deuxième méthode demande beaucoup de concentration. C’est un peu énervant au total. Le seul avantage du mauvais temps était que la route était uniquement utilisée par des camions de livraisons et de bâtiment, les touristes étant restés dans leurs hôtels.

Alpages au-dessus de la station de ski de Vars

Heureusement, ici aussi, le paysage de résidences dans les sapins et la route montant en virages larges mais nombreux rendait la montée variée et suffisamment intéressante. Il faisait simplement trop mauvais pour prendre des photos.

La route débouche un peu sans prévenir sur un alpage sans sapins ni maisons en pente plus douce vers 2000 m d’altitude (alors que les sapins s’arrêtent à 1500 m au Lautaret), mais je me suis réjoui trop tôt car on continue à monter dans les alpages par paliers avec des côtes raides et rectilignes à chaque fois. C’est énervant et on finit par se demander où le col peut bien être, surtout que les montagnes de chaque côté ne montent pas tellement plus haut que le col.

Refuge Napoléon au col de Vars

Dans un des paliers, on passe un étang d’altitude et un refuge dit « Napoléon » car il fut construit avec des fonds offerts par l’empereur Napoléon III pour remercier les Savoyards d’avoir choisi le rattachement à la France lors du plébiscite. Il y avait une demi-douzaine de ces refuges, celui du col de Vars est fermée en demi-saison.

J’ai une photo intéressante qui montre le refuge au bord de son étang et les nuages qui montent de la vallée de Vars au fond. Il pleuvait à cet endroit, mais moins fort qu’avant, ce qui explique que l’on voit les volutes de vapeur.

Je suis passé pendant la côte suivante devant une marmotte à tout juste 10 m de moi – un très bel exemplaire dodu à la fourrure lustrée. Elle n’a pas réagi quand je me suis arrêté et j’ai lu que l’on voit facilement des marmottes au col de Vars – c’est le col des Alpes où c’est le plus facile. Malheureusement, elle a pris peur quand j’ai ouvert la sacoche pour en tirer l’appareil photo – j’étais déjà très surpris qu’elle se soit montrée aussi patiente. Comme il pleuvait, c’était peut-être aussi bien de ne pas trop sortir l’appareil.

La pancarte normal a été volée

J’étais fatigué en arrivant à ce niveau, mais il ne restait presque plus de montée jusqu’au col qui est à 2108 m. Je n’étais monté qu’une unique fois aussi haut (au col d’Allos en 2003 par temps resplendissant). Cette fois, j’ai mis 3 heures pour un dénivelé de 1100 m, ce qui est à peu près le double du temps mis par un sportif bien entraîné mais un peu plus rapide quand même que de monter à pied.

Il n’y a pas de pancarte au col, ce qui surprend évidemment, mais l’explication est que certains touristes ne se gênent pas pour voler les pancartes qui leur font plaisir. Ainsi, les pancartes de Condom dans le Gers attirent les voleurs anglais (pour décorer les salles d’enterrement de vie de jeunes filles/gens) et celles des grands cols attirent les cyclistes voyageant en groupe organisé. Pour compenser la déception puisqu’on ne peut pas faire de photo-preuve, le club sportif local a mis une borne avec une petite étiquette en plastique qui donne l’altitude.

On peut y tamponner une « carte des 7 cols ubayens » (il y a une poinçonneuse qui fait un trou de forme différente à chacun des sept cols) et celle-ci peut ensuite être échangée contre un certificat. Je sais qu’il existe un système du même genre pour un « brevet du randonneur » qui comporte six sites par département couvrant toute la France et qui demande donc des années d’efforts. Je suis passé dans tous les départements et aussi dans un certain nombre de ces sites, mais je n’ai pas envie de me fatiguer à faire collection de poinçons pour avoir un certificat.

La photo prise au sommet semble montrer un peu moins de brume ou de pluie que pendant la montée. Effectivement, il n’y avait plus qu’un crachin modéré et j’aurais presque pu pique-niquer au sommet si j’avais trouvé un endroit abrité du vent. Il faisait 7 degrés, à peu près comme au Lautaret.

Versant sud du col de Vars

Mais le sommet est une croupe molle dans la verdure sans vue très excitante et sans dégagement. Le versant nord par lequel je suis monté est sans dégagement tant qu’on est dans la vallée de Vars, il ne devient intéressant que juste au-dessus de Guillestre après la gorge. Le col est donc considéré comme d’un intérêt très limité pour les touristes. La route fut d’ailleurs construite à l’origine par l’armée pour des raisons purement stratégiques.

Hameau du Melezet en descendant vers l'Ubaye

Le versant sud se développe 300 m après le sommet et offre plus de dégagement même si ce n’est quand même pas une merveille inouïe. Une grande pente raide toute verte jusqu’au fond d’une vallée très encaissée; pas d’arbres, ce qui montre bien que l’on se trouve sur un versant exposé plein sud. Au total, si on devait choisir un seul grand col, celui de Vars ne s’imposerait pas. Il remplit sa fonction de relier deux vallées, mais elles sont très peu habitées, surtout côté sud.

Je voulais m’arrêter assez vite pour pique-niquer mais je n’ai rien trouvé d’approprié pendant longtemps. Il n’y a pas de banc ni d’abri au sommet qui était de toute façon un peu venté. J’ai trouvé après un bon kilomètre de descente un abri, mais c’est un genre de cabanon abandonné plein de saletés et de boue. Rien ensuite sur les 10 km jusqu’au fond de la vallée à Saint Paul sur Ubaye. La descente est extrêmement raide sur ce versant, alors même que j’avais déja trouvé la montée largement assez raide – presque aussi raide que celle de l’Aubisque qui remporte le pompon dans mes souvenirs.

J’ai croisé un certain nombre de cyclistes qui montaient le col de Vars dans le sens inverse de mon trajet. S’agissant de sportifs, j’aurais été admiratif sans ressentir la moindre envie de les imiter. Mais il s’agissait de cyclotouristes largement chargés et en plus couverts de pied en cap avec des habits de pluie.

Comme je trouvais la pluie pas très forte ni très gênante pendant la descente alors que la pluie apparaît toujours beaucoup plus pénible en descente, je me suis posé quelques questions. Soit il y avait eu une pluie beaucoup plus forte avant mon passage sur le versant sud, soit ces personnes étaient un peu sensibles – et parties pour une mauvaise surprise avec le temps bien pire sur le versant nord.

En tous cas, plusieurs de ces personnes montaient la côte en poussant le vélo alors qu’elles étaient encore à 4 km du sommet. Je considère ceci comme une folie masochiste puisqu’il y a un itinéraire à peine plus long beaucoup plus facile quand on n’a pas l’équipement ou/et l’entraînement nécessaire pour ce col qui est l’un des plus durs des Alpes dans le sens qu’ils prenaient.

Colonnes Coiffées de Melezet

Je n’ai fait que deux arrêts pendant la descente vu que le paysage n’est pas époustouflant, photographiant une fois l’enfilade de la vallée à titre documentaire et une autre fois quelques cheminées de fées. C’est un phénomène géologique peu fréquent mais qui n’a rien de mystérieux: si l’on prend une couche épaisse de terrain sablonneux, l’érosion prend la forme du ruissellement qui emporte le sable.

Mais s’il y a une couche de rochers au-dessus du sable, le sable situé sous tel ou tel rocher est abrité de la pluie et n’est pas emporté aussi vite que le reste, se dégageant bientôt comme colonne avec son rocher protecteur au sommet. La colonne ne tient pas très longtemps, mais elle est remplacée par d’autres.

Route menant de Saint-Paul-sur-Ubaye au col de Vars

On voit le phénomène à trois endroits dans la région, au col de l’Izoard, au col de Vars et au bord du lac de Serre-Ponçon (site visité en 2003). Je ne connais pas le col de l’Izoard, trop dur pour moi, et le site dans la descente du col de Vars semble le plus modeste des trois. Ceci donnait quand même l’occasion d’une photo au passage – et de laisser les freins se refroidir.

Rosace à Saint-Paul-sur-Ubaye

Une fois arrivé à Saint Paul sur Ubaye, j’ai constaté avec plaisir qu’il ne pleuvait presque pas et j’ai pu pique-niquer sur la place de l’église assis sur les marches de la chapelle des pénitents pour profiter du modeste auvent au cas où. J’ai ensuite essayé de visiter l’église qui était évidemment fermée. Elle a certains éléments de l’Embrunois comme les arcs en plein cintre et la frise lombarde, mais celle-ci est purement décorative et ne souligne pas le début d’un toit.

Tympan à Saint-Paul-sur-Ubaye

Le tympan en demi-lune peint est une spécialité de l’Ubaye. Il est orné en l’occurrence d’une pietà au dessin assez naïf qui ne manque pas de charme. Enfin, la rosace est inhabituelle avec ses colonettes torsadées. Internet disant que l’église date du 17ème siècle, la rosace n’est donc pas gothique.

Vu qu’il n’était que 14 h 15 (descente du col en 45 mn), j’ai estimé que j’arriverais inutilement tôt à l’hébergement si je commençais dès maintenant à en prendre la direction – 35 km de descente. J’ai donc pris à Saint Paul la petite route très secondaire qui remonte vers la haute vallée de l’Ubaye, un cul-de-sac au pied de la frontière italienne.

Il y a une église recommandée tout au fond de la vallée, mais j’ai supposé qu’il devait s’agir de fresques (en fait, un retable) et qu’elle serait certainement fermée. Par contre, j’étais intrigué par la mention sur la carte d’un pont intéressant.

Pont du Châtelet

La route monte assez régulièrement pendant 6 ou 7 km, mais la pente ne m’a pas paru terriblement fatigante vu que j’avais monté nettement plus raide et plus long le matin. La route longe le torrent puis s’élève jusqu’à un ressaut rocheux où j’ai posé le vélo pour aller voir le panorama à 5 minutes de marche.

On est face à une cluse caractéristique même si ce n’est pas le mot employé dans la région, et un petit pont en maçonnerie aérien enjambe la cluse par un arc de 27 m de long à 108 m au-dessus du torrent. C’est tout à fait saisissant comme le montre très bien la photo.

Des panneaux expliquent que le pont fut construit en 1879 et qu’il fallut aussi construire un petit tunnel, ce qui prit huit ans. Le conseil municipal avait envisagé d’abord un pont en bois moins cher, mais changea d’avis ensuite. Chose que j’ignorais, il fallut demander l’autorisation de l’armée qui avait son mot à dire compte tenu de la proximité de l’Italie.

Les Italiens essayèrent de détruire le pont en 1944 mais leur explosif ne parvint pas à détruire la voûte si bien construite. Le pont donne accès à un simple hameau perdu et faisait partie des rêves un peu ambitieux du maire de l’époque qui profitait des revenus considérables apportés par la vente du bois de la forêt communale.

Vallée de l'Ubaye depuis le Pont du Châtelet

Je suis monté le long de la route jusqu’au pont, estimant que l’effort n’était pas trop considérable, et j’ai été récompensé par une vue fantastique tant en aval qu’en amont qui était sans doute aucun le couronnement de la journée. Vers l’aval, on domine la vallée verdoyante qui fait assez penser à celle de la Romanche.

Haute Ubaye depuis le Pont du Châtelet

Vers l’amont, on admire un paysage beaucoup plus austère typique de la haute montagne dans les Alpes du Sud. D’après les photos, le paysage est semblable dans le Mercantour et dans le Queyras, deux régions dont je n’ai visité qu’un tout petit bout et où je n’aurais probablement pas l’occasion de me rendre à vélo un jour. Je suis donc particulièrement satisfait d’avoir vu cette vallée. Elle rappelle peut-être un peu aussi celle de la Clarée.

En tous cas, la photo montre que le temps était devenu à peu près sec. Je n’avais aucune vue des sommets, qui sont ici à la hauteur usuelle des Alpes (2700 m), mais je me demande si les volutes de vapeur à mi-pente ne contribuent pas finalement à augmenter le caractère impressionnant du paysage, incitant à imaginer des sommets bien plus hauts et acérés qu’ils ne le sont en réalité.

Très content de mon détour jusqu’au pont, je suis parti pour la grande descente de 40 km jusqu’à Méolans (600 m de dénivelé) où j’avais réservé une chambre. La route s’enfonce après Saint Paul sur Ubaye dans une combe sombre et étroite, mais assez triste.

Combe de l'Ubaye

Celle de la Romanche est comparable, mais plus lumineuse car un des versants est rocheux tandis que les montagnes de l’Ubaye sont boisées. Le paysage est suffisamment impressionnant pour un touriste, mais j’avais vu la combe du Queyras la veille et celle de Malaval trois jours avant qui sont beaucoup plus belles. J’ai une photo prise un peu en aval qui donne une idée.

Redoute de Berwick

Après la gorge, la vallée s’élargit vite et passe devant un joli petit fort en pierres de tailles bien carré qui m’a fait penser au début aux forts de la cavalerie dans les westerns. Il y a simplement une tour assez originale près du portail qui change vraiment. C’est la « redoute de Berwick », une redoute étant une fortification sans angles rentrants (si elle en a, c’est un fort, dit Internet).

Elle fut construite quand la France récupéra la vallée en 1713 en échange de Suse qui faisait partie jusqu’alors du territoire de Briançon et donc du Dauphiné français. La frontière est ainsi établie plus ou moins sur la crête des Alpes, avantage stratégique (mais qui ruinera Briançon privé du passage des marchands vers Suse). La redoute fut vite abandonnée mais reconstruite en 1891 dans l’idée de freiner des attaquants avant qu’ils atteignent les forteresses principales.

La forteresse principale se trouve 3 km plus loin au confluent avec la route du col de Larche, qui était jusqu’il y a quelques années une des routes préférées des poids lourds voulant se rendre en Italie sans payer le péage (le col est haut à 1991 m mais la route est très facile).

J’ai gardé un souvenir assez déplaisant de ces poids lourds lors du voyage de 2003 et je suis bien content qu’ils aient disparu. Apparemment, seuls les transporteurs de la région ont le droit de l’utiliser, ce qui n’arrête d’ailleurs pas certains entrepreneurs italiens connaissant la technique des « sociétés de transport boîte aux lettres ».

Le col est aussi interdit aux vélos d’après une grande pancarte. Internet dit qu’il n’y a pas en fait d’arrêté préfectoral valable interdisant le col, mais que ceci permet au préfet de ne pas indemniser un cycliste qui serait atteint par une chute de pierres dans ce col très sujet aux avalanches ! Ce n’est pas que je voulais prendre ce col de toute façon, mais ce genre de fausse interdiction est scandaleux et devrait être remplacée par des panneaux « risque d’avalanche, circulation des cyclistes à leurs risques et périls ».

Fort de Tournoux

Au confluent de la vallée de Larche et de celle de l’Ubaye, une grande falaise a permis d’installer une forteresse gigantesque. Comme à Luxembourg, on n’en voit pas grand chose car elle est presque entièrement composée de casemates creusées dans la falaise, ce que l’on voit très bien sur ma photo.

En fait, ce sont cinq forts, les forts de Tournoux, construits de 1843 à 1890, qui abritaient 1500 défenseurs. Il servit une fois en 1940 et a été transformé en musée en 1987 un peu comme les forts de la ligne Maginot en Moselle.

Place de l'église à Jausiers

Après la forteresse, je suis passé à Jausiers, petit bourg où j’ai trouvé une boulangerie pas vraiment extraordinaire. Il y a aussi une grande place devant l’église dont la façade est ornée d’une façon que j’ai retrouvée ensuite fréquemment dans le comté de Nice, avec des cadrans solaires. Il y a abondance d’autels baroques à l’intérieur, mais j’ai vu mieux ailleurs.

Hôtel de ville de Barcelonnette

Après Jausiers, la vallée devient provisoirement large et plate et la route devient ennuyeuse… Quand j’ai atteint Barcelonnette, je me suis demandé si je devais faire un effort pour visiter, mais j’y étais déja passé en 2003 sans en garder un souvenir particulièrement ébloui.

J’ai simplement noté cette fois-ci le bâtiment fort imposant de l’hôtel de ville. Il fut construit en 1930 dans un style que j’ai de la peine à qualifier, ce n’est ni « art déco », ni « faux Mansart de province » et ce n’est pas du tout le style de la région. Bizarre.

La principale curiosité de Barcelonnette est plutôt historique et théorique: après une période pendant laquelle l’élevage des vers à soie avait enrichi la vallée dans les années 1830, l’économie périclitait quand un fils du pays qui avait émigré aux Etats-unis puis au Mexique (il était issu d’une famille riche, mais n’était pas l’aîné) revint en 1845 au pays à la tête d’une fortune considérable acquise dans le commerce des textiles.

Des centaines de jeunes partirent au Mexique (pour une vallée qui avait 6000 habitants) et environ 50 d’entre eux devinrent suffisamment riches pour faire construire dans leur vallée d’origine de grosses villas dans le goût du jour autour de 1880 – tout à fait du genre de la Villa San Carlos dans laquelle nous habitions à Pau quand j’avais 16 ans. On en voit dans le même genre dans beaucoup de villes, mais c’est surprenant dans un petit bourg de montagne et la commune essaye d’attirer les touristes avec cet argument.

La route étant particulièrement monotone en aval de Barcelonnette, j’ai essayé de l’éviter comme en 2003 et je suis passé à nouveau au village de Saint Pons, qui a une charmante église romane avec deux portails très intéressants. Plutôt que de décrire, je renvoie à ma photo et je résume le texte de Wikipedia.

Portail de l'église de Saint-Pons

« La porte latérale sud est surmontée de voussures; son linteau monolithe est sculpté d’un Christ en majesté, avec une inscription gothique. Les corbeaux supportant le linteau sont sculptés de têtes humaines. Les entablements encadrant le linteau portent six apôtres, avec leurs symboles mais non-identifiés, en relief. Les pilastres sont aussi sculptés de saints divers. Cet ensemble sculpté date de l’époque gothique. Le tympan est peint d’une « Adoration des mages », datant des années 1500, et qui a subi une restauration assez prononcée en 1912. Des bergers figurent en retrait des rois mages sur cette adoration, qui a dû être partiellement dorée ».

Détail des sculptures à Saint-Pons

Le portail ouest est plus modeste, ce qui ne surprend pas pour un prieuré du 12ème siècle. Il est orné de figures délicieusement simplettes à l’endroit des chapiteaux, tant les figures barbues que les anges en plein vol sont vraiment mignons. Cependant, les pilastres de la porte sud sont vraiment ce qui m’intrigue car je n’en ai jamais vu ailleurs sous cette forme.

Après Saint-Pons, je suis revenu sur la route principale par une route commentée de façon assez amusante sur Wikipedia. On y parle de plusieurs maires comme suit: « Mr Esmenjaud a été maire jusqu’en 1995. Mr Garnier est décédé durant les premières année de son unique mandat. Mr Donnadieu lui a succédé. On lui doit entre autres la stupide déviation de la montée de la Frache. »

Vallée menant au col de la Cayolle

L’avantage de la route est que j’avais en face de moi de l’autre côté de la vallée de l’Ubaye le débouché de la vallée du Bachelard, que je comptais emprunter le lendemain. On ne voyait toutefois pas grand chose car le temps semblait exécrable dans la vallée. Ce n’était pas vraiment rassurant… d’ailleurs, les gros nuages ont fini par rejoindre l’Ubaye aussi et il y a eu une grosse averse orageuse pendant 20 minutes.

Puisque j’étais déjà passé sur cette route en 2003, j’ai essayé de reconnaître l’hôtel où j’avais couché dans le hameau des Thuiles, mais il n’existe apparemment plus. Après le hameau, la route quitte la section plate et large pour une grande descente – pas très raide en fait, mais le tracé en grande courbe fausse l’effet optique. La descente se termine au pied de deux falaises se faisant face, presque une petite cluse.

A droite, la Tête de Louis XIV, une montagne abrupte qui monte à 2408 m. A gauche, la Siolane des Besses, une montagne boisée presque aussi abrupte qui monte à… 2408 m. Au milieu, le fleuve rugissant et un mamelon rocheux isolé portant un petit clocher. J’ai découvert un peu fâché que mon hébergement était en fait en haut d’un beau raidillon près du mamelon. Ceci m’aurait moins gêné si ce n’avait pas justement été au milieu de la grosse averse.

C’est un hébergement d’un type que je ne connaissais pas encore, un « gîte-auberge ». Ce n’est pas un gîte (ce sont des vraies chambres avec douches) ni une ferme-auberge (il n’y a pas de ferme), ni une chambre d’hôtes (ils ont 10 chambres et ceci dépasse le quota autorisé qui est de 5) ni une auberge normale (on reçoit des draps mais pas de serviette de toilette ni de savon).

Les hôtes avaient une belle situation professionnelle à Paris, en particulier le monsieur qui vendait des armements pour Thalès dans le monde entier pendant que la dame gérait une équipe chez Hewlett-Packard, mais ils ont décidé que c’était trop stressant.

Ils ont donc vendu leur maison et pris un genre de préretraite (à 40 ans). Ils avaient eu l’intention de racheter un terrain de camping puisque l’on n’a pas beaucoup de travail en dehors d’un peu d’entretien, mais un autre acheteur leur est passé devant et ils se sont rabattus sur un ancien hôtel un peu fatigué. Ils ne voulaient pas le rénover entièrement faute d’avoir les fonds et à cause de la saison touristique trop courte en Ubaye, d’où le concept du « gîte-auberge » un peu plus simple qu’une chambre d’hôtes.

Il y avait aussi un couple de touristes d’âge mûr charmant qui a surtout parlé avec l’hôtesse pendant le dîner car on a le plaisir de manger avec eux. Et puis il y avait un type un peu perdu qui s’est avéré un cycliste écossais.

A l’époque de mon travail à Londres, j’aurais fuit ce rappel du monde professionnel, mais ceci ne me gêne plus maintenant et j’ai donc fait la conversation toute la soirée avec ce monsieur après avoir établi que nous pouvions comprendre nos accents respectifs en faisant un peu attention.

C’est la soirée la plus enrichissante et la plus sympathique que j’ai passée pendant le voyage. Le monsieur est originaire d’un hameau des Hébrides Extérieures, tout au bout du monde habité là où les tempêtes venues du Groënland rendent la vie si agréable (Benbecula).

Au contraire de son frère, il a toujours voulu fuir dès qu’il pourrait et s’est engagé très jeune dans l’armée dans laquelle il a fait une belle carrière, atteignant après 27 ans de métier le plus haut rang qu’un homme peut atteindre en montant par le rang (au Royaume-Uni, on ne peut dépasser le grade de lieutenant que si on a été engagé directement comme officier).

Il a servi dans les gardes de la reine, mais aussi dans des opérations de l’ONU comme au Kosovo. Il a décidé de quitter l’armée quand le premier ministre a suivi Bush en Afghanistan, ce qui est un cas assez impressionnant d’un homme quittant sa carrière et sa vocation par désaccord avec les décisions politiques de son pays.

Ceci lui a été facilité par le fait qu’il a rencontré jeune une charmante jeune femme qui a fait de son côté une carrière extrêmement brillante et qui est maintenant vice-présidente d’une des trois grandes banques de dépôt du pays (je pense RBS).

Pendant presque deux ans, il a un peu tourné en rond en cherchant une idée pour son avenir. Etre l’époux d’une femme de carrière veut dire que l’on sert occasionnellement de potiche dans les réceptions, mais elle est extrêmement stressée et les attentes du directoire ont augmenté dans les mêmes proportions que son salaire et que son niveau de stress…

Ils ont eu une vie de couple par intervalles, quand elle pouvait se libérer et quand il n’était pas en mission. S’il veut l’appeler, il doit demander par e-mail un rendez-vous et elle lui répond qu’elle va essayer de le caser à 12 h 10. Et il sait qu’il a très exactement 9 minutes et 55 secondes avant que la secrétaire ne passe l’appel suivant.

Pendant ses années de mission, il voyait peu ses enfants (deux je crois) et il espère au moins profiter de leur adolescence à défaut d’avoir pu suivre leur enfance. Il a encore quelques problèmes à s’adapter au monde hors de l’armée, surtout à faire face aux entreprises commerciales en Angleterre. Il n’a pas du tout l’habitude que les gens essayent systématiquement de ne pas tenir leurs promesses et de l’escroquer, chose qui fait partie de la vie normale de tous les jours au Royaume-Uni.

Dans l’armée, on leur inculquait avec succès une culture complètement différente dans laquelle chaque homme sait qu’il peut faire entièrement confiance à ses collègues et à ses subordonnés pour faire exactement ce qui est prévu. De même, dans la vie de tous les jours, il est maintenant obligé de chercher en permanence comment il pourrait bien arriver à obtenir tel ou tel résultat alors que les procédures de l’armée rendent le même genre de choses bureaucratique mais parfaitement fiable.

Maintenant qu’il a le temps, il fait beaucoup de sport – comme un de mes cousins dans le même cas, et avec les mêmes expériences douloureuses à l’occasion. Il commence à penser à une activité de guide pour voyages à l’intention des hommes d’affaires stressés (voyages de motivation ou de récompense).

Il a le physique du super-sportif avec des cuisses en forme de tronc d’arbre et une carrure de pilier de rugby, ce que je sais parce qu’il portait ce soir-là un mini-short rouge et un pull très moulant, très probablement sans t-shirt.

C’est un peu limité comme garde-robe mais il était venu pour une semaine de vélo avec le vélo et juste un petit sac à dos, ce qui fait que ses seuls autres habits étaient la culotte de vélo et le maillot. Je trouve que cela manque de confort, même si je ne transporte pas des chaussures de rechange sur mon vélo comme un de mes amis.

Nous avons aussi parlé de vélo et j’ai dûment admiré son niveau bien au-dessus du mien. Il m’a dit quelque chose d’intéressant: à partir d’un certain niveau d’entraînement, on ne sent plus tellement la différence entre 120 km et 180 km, et aucune pente n’est effrayante une fois que l’on sait pouvoir les monter.

Je n’en suis pas là, en partie parce que mon vélo est beaucoup plus lourd. Mais il est vrai que mon problème à la fin du voyage n’était plus la longueur des cols, c’était le besoin d’arrivée à 19 h et la pente. Je n’ai plus peur maintenant de monter 80 km si ce n’est pas trop raide – je l’ai fait au Lautaret.

Comme il était ennuyé de ne pas avoir un programme intéressant pour ses deux derniers jours, je lui ai suggéré d’aller voir le pont vertigineux que j’avais vu dans la journée en lui montrant un prospectus laissé sur la table. En combinant ceci avec le col de Vars par le versant nord comme moi (il avait déjà monté deux fois le versant sud qui est mortel !), il aurait une belle excursion de 130 km et une ascension vierge. Il avait l’air ravi de l’idée.

Comme il voulait savoir comment j’avais été amené à quitter mon travail à Londres, je lui ai expliqué ma suspiscion d’avoir été victime d’une discrimination de la part d’un supérieur chrétien fondamentaliste et il m’a raconté en échange une chose qui m’a vraiment interpellé. Pendant des années, il avait partagé sa chambre en tant que sous-officier avec un collègue. Puis un jour, il a été envoyé en mission du jour au lendemain de façon suspecte et le collègue avait disparu quand il est revenu.

Après avoir été interrogé de façon très pénible et indiscrète, il s’est avéré qu’un petit sergeant zélé avait dénoncé son collègue comme homosexuel après l’avoir vu par hasard ensemble avec un autre homme dans la rue. Mon cycliste avait donc été soupçonné au choix d’être homosexuel, d’avoir couvert un homosexuel ou de pouvoir servir de témoin à charge.

Il a retrouvé le collègue des années après; il tenait entre-temps un bar avec son compagnon à Aberdeen mais il y avait entre eux l’amertume de ce qui s’était passé à leurs dépens communs. Mon cycliste savait que son collègue était homosexuel et avait rencontré son partenaire une ou deux fois, mais n’y avait accordé aucune importance.

Je lui ai demandé s’il s’était jamais senti gêné à l’idée que son copain de chambrée pourrait théoriquement lui faire des avances et il m’a dit d’un ton assez amusé que le copain avait sa propre vie, qu’ils connaissaient leurs goûts respectifs et qu’ils n’avaient pas du tout eu besoin d’en venir aux poings pour éclaircir la question.

Pour les personnes qui désirent toujours savoir si les Ecossais portent quelque chose sous leur kilt (l’autre couple a posé la question même si je connaissais la réponse): quelquefois si les circonstances l’imposent comme un endroit très venté avec des petits enfants dans l’assistance. Sinon jamais pour la simple raison que l’on transpire déjà beaucoup sous trois épaisseurs de laine autour de la taille !

J’ai bien dormi cette nuit-là parce que j’avais eu une journée fatigante, mais la conversation avec l’Ecossais m’est restée particulièrement présente. Je me suis demandé si j’aimerais garder le contact avec lui, mais cela n’a pas beaucoup de sens et je ne vis pas dans un endroit qui peut être intéressant à visiter pour un super-sportif.

Je n’ai pas encore mentionné ce que les hôtes ont servi au dîner. Ils ne sont pas de la région, mais j’ai retrouvé certaines habitudes provençales: potage aux courgettes et au chèvre (personne n’a deviné, au grand plaisir de l’hôte qui est aussi le cuisinier) puis riz avec gratin de ratatouille. Les gens ne servent pas d’alcool avec la table d’hôtes même si on peut leur acheter une bouteille, ce qui est normal pour le niveau de prix et le style gîte.

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